Un nouveau
dénominateur
commun
Conquête
et clôture
des espaces
Mesure,
échelle
et cartographie
Le territoire
sur la
Toile

Décentrement et mobilité.
Aux lieux des territoires
De nombreuses voies se sont substituées au cadre territorial. L'activité économique, culturelle et sociale n'est plus encouragée à se dérouler exclusivement autour d'un centre étatique unique. Elle s'organise selon des modes qui transcendent régulièrement les frontières. Et tout semble l'inciter à se déterritorialiser.

C'est le mode d'organisation en réseaux qui prédomine, c'est-à-dire des configurations éclatées, éphémères et mouvantes, basées surtout sur l'échange et la mobilité, valeurs nomades par excellence. Au niveau de la production, on voit se déployer, de plus en plus, des stratégies de délocalisation fondées sur des relations affranchies des contraintes spatiales : "les logiques de mobilité l'emportent sur celles de territorialisation : les entreprises ne se réfèrent plus, dans leur stratégie, à un espace territorial précis, mais aux positions qu'elles doivent occuper au sein d'un réseau de production." (1)

Bien plus que l'ancrage au sol, c'est la position dans des circuits qui devient influente. Position au sein d'un circuit relationnel : tel pourrait se définir la pratique du lieu, qui a pris dans le contexte actuel une importance prépondérante.
"Et j'avais l'intuition qu'un plan unique unissait Avalon, l'hyperboréenne, au désert austral qui abrite l'énigme de Ayers Rock."

Umberto Eco, Le Pendule de Foucault

La portion de terre sur laquelle on vit n'est plus, comme auparavant, le support exclusif de nos liens sociaux. Avec les communications à distance, il devient possible d'entretenir une vie sociale même à mille lieux les uns des autres. Cette nouvelle donne est une caractéristique essentielle du tournant historique qu'incarne l'idée de postmodernité, dominée par le pouvoir des médias. Car avec la mass-médiatisation et les réseaux informatiques, plus rien se semble cantonné à une place définie. Au contraire tout circule, s'interpénètre. Et les télécommunications ont introduit de nouvelles pratiques de l'espace, de mieux en mieux libérées des contraintes de la distance et du temps. Elles ont notamment ouvert la voie à une conception synchronique de l'espace-temps, où les repères territoriaux se sont quelque peu dissous.

L'instantanéité des relations dans des espaces sans distances a permis de nouvelles formes de cohésion sociale, en "réseaux", qui transcendent et affaiblissent au fur et à mesure de leur déploiement le sacro-saint principe de territorialité.

Dans l'espace virtuel de l'internet, par exemple, (pour l'instant) ni pouvoir central, ni frontières coercitives, ni urbanisme ni architecture. Ce serait un espace en de multiples facettes qui se recrée constamment, qui se génère automatiquement, qui existe, écrit Anne-Marie Morice, lorsque l'un d'entre nous l'actualise en s'y connectant...
(1) Cf. Bertrand Badie, La fin des territoires (essai sur le désordre international et sur l'utilité sociale du respect), Paris, Fayard, 1995, p.134.

Les territoires inoccupés. http://territoiresinoccupes.free.fr
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