Un
art tourné vers l'extérieur (2) |
Dès
le début des années soixante, ceux qu'on a appelés
les "MINIMALISTES" remettaient subtilement en cause le décloisonnement
des supports comme des lieux de la production artistique. Avec eux
émerge de manière importante le concept d'installation,
qui est motivé par la recherche d'une alternative aux formes
circonscrites de la peinture et de la sculpture. Pour Robert Morris,
qui fut artiste et aussi théoricien de l'art minimal, "l'objet
n'est plus qu'un des termes de la relation qui met en présence
l'objet lui-même, l'espace dans lequel il se trouve, la lumière
qui l'éclaire et la situation du spectateur qui y est confronté.
(3)"
En décembre 1964, il installe à la Green Gallery des blocs
de formes géométriques dont les rapports et la disposition
visaient à dynamiser l'espace. |
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De même, l'exposition Primary
Structuresqui eut lieu en 1966 montrait des installations de Carl
Andre, Dan Flavin et Robert Morris ayant toutes
en commun d'être spécialement conçues en fonction du
lieu d'exposition.
Les structures minimalistes se distinguent de la sculpture au sens
traditionnel en ceci qu'elles ne consistent pas en une réalisation
à l'intérieur d'une forme donnée. Il n'y a plus
d'espace sculptural, ou pictural ; seulement l'espace réel qui
est celui des trois dimensions. La qualité de ces structures
est qu'elles peuvent prendre n'importe quelle forme "à travers
toutes sortes de relations avec le mur, le sol, le plafond, la pièces
ou l'extérieur ou n'en pas avoir.(4)"
La volonté d'explorer la relativité des perceptions et des
points de vue conduit plusieurs artistes vers la tridimensionnalité.
Non pas celle de la sculpture, qui reste attachée à l'idée
d'une forme circonscrite, d'une sorte de contenant qui, comme le cadre
en peinture, fait office de frontière définitive de l'oeuvre.
L'exploration de la tridimensionnalité s'aventure plutôt
dans l'espace environnant. Avec la pratique de l'installation, les
artistes se positionnent dans une logique de "réception" et élaborent
des projets autour de la notion de perception du spectateur. Le sens
n'est pas fixé à priori mais doit émerger de
la relativité du point de vue. Le spectateur est amené à
participer à l'oeuvre dans la mesure où il entre dans son
espace et peut l'appréhender selon différents rapports.
Ainsi, ce n'est pas l'artiste seul qui construit et inculque son sens
à l'oeuvre. Celle-ci vit de l'interaction et suivant les transformations
de ce ou ceux qui l'entourent. Elle introduit donc la notion de présence
unique de l'oeuvre au lieu où elle se trouve. L'installation
s'est trouvée au coeur de la production de l'Art Minimal comme
ensuite du Land Art, de l'Arte Povera, et de l'Art conceptuel en général.
(3)
Cf. Claude Gintz, Regards sur l'art américain des années
soixante, Paris, Territoires, 1979, p. 6 (4)
Donald Judd, "Specific Objects", Cf. Claude Gintz, Regards
sur l'art américain des années soixante, Paris, Territoires,
1979, p. 70 |
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