Jeux de frontières (3) |
L'un
des artistes s'étant le plus rapproché de la matérialité
des délimitations territoriales est sans doute Dennis Oppenheim.
En 1968, il réalise Time Line, deux lignes juxtaposées
de trois miles de long, tracées par une motoneige, qui suivent
la séparation des fuseaux horaires le long du fleuve St-Jean, entre
Fort Kent, au Maine (U.S.A), et Clair, au Nouveau-Brunswick (Canada).
Sur le même fleuve, Boundary Split,1968, consiste en une
série de coupures, faites à la tronçonneuse à essence,
perpendiculairement à la ligne de changement d'heure entre les
Etats-Unis et le Canada.
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Time Pocket,1968, joue quant à elle sur la ligne de changement de date, qui est réduite et reproduite sur le terrain gelé sous la forme d'un tracé long de un mile, toujours près de Fort Kent, au Maine. La "poche de temps" consiste en une interruption de cette ligne sur une île située au milieu du tracé.
Ces trois interventions soulèvent d'une manière fantaisiste et poétique l'incohérente matérialité des conventions territoriales. Les lignes de changement de date et d'heure sont des entités tout à fait abstraites qui réglementent pourtant toutes les relations politiques entre les pays. Dans Boundary Split, l'action consiste à, fracturer une matière rigide, la glace, qui représente en fait une convention rigide, la ligne de changement d'heure. |
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